Du fond de l'histoire de l'humanité, en effet, nous voyons surgir des représentations sacrées, des masques, des danses, évoquant essentiellement les puissances maléfiques et menaçantes, représentations ayant pouvoir d'exorcisme, où les rôles rituels joués par les guerriers et les chasseurs leur donnaient prise sur les ennemis, les animaux et les éléments qu'ils mimaient.
Et dans l'histoire de notre courte vie individuelle, le psychodrame est là aussi, spontané, nécessaire à notre équilibre, à la découverte de notre place dans le monde : nous sommes tous des experts en psychodrame. Vous l'êtes ou le fûtes... Laissez remonter vos souvenirs d'enfance... Un premier jour d'école... L'excitation, la tension nerveuse de cette journée... Arrivé à la maison, vous alignez les chaises, les poupées et les ours, les petits frères et les petits voisins, et vous jouez, vous jouez à l'école. Vous êtes la maîtresse, le maître, et vous revivez votre journée, imitant, exagérant le rôle, le re-créant à votre mesure, à la mesure de votre angoisse, faisant vôtre ce monde extérieur, apprivoisant cet inconnu inquiétant.
Laissez remonter vos souvenirs d'enfance... une colère injuste, incompréhensible de votre mère... Quel soulagement quand, à votre tour, vous gronderez Nounours et le piétinerez !
En jouant au Roi, à Rambo ou à Dieu le Père, en jouant au bandit, à l'instituteur, à la maman, l'enfant réinvente le psychodrame et s'administre lui-même la purgation propre à pareilles émotions, médication et soulagement accompagné de plaisir (Aristote, in La Poétique).
Peu à peu, nous perdons cette faculté, cette possibilité d'une catharsis libérante, ce mâchonnement, cette rumination propice à la digestion complète d'un évènement traumatisant, dont nous pouvons ainsi nous nourrir, au lieu de le laisser nous détruire.
Par ce même processus d'assimilation, il nous arrive de raconter une fois, deux fois, dix fois, un accident dont nous avons été victime ou témoin. Nous ne jouons pas vraiment la scène, mais nous le décrivons comme si elle se déroulait encore devant nos yeux et nous mimons le choc sur la tête, le corps "étendu là, devant moi, à mes pieds...". Ici encore, il s'agit d'un psychodrame spontané, d'une dédramatisation par la dramatisation, par la reviviscence d'un fait qui nous a ému ou même choqué.
Mais combien de ces chocs nerveux ou affectifs n'ont jamais pu être extériorisés, évacués ou assimilés, combien de portes sont restées fermées à double tour, emprisonnant les souvenirs traumatisants certes, mais emprisonnant, du même coup, spontanéité et goût de vivre.
Par suite de la pression familiale, des interdits sociaux, l'individu perd cet appétit, ce goût d'explorer la vérité par des moyens dramatiques. Notre éducation survalorise la démarche intellectuelle et nous impose un strict contrôle de nos émotions, une maîtrise de nos sentiments : "Ne joue pas la comédie !... Quel comédien !... Tout ça, c'est du théâtre, c'est du cinéma !", dit-on dans les familles, lorsqu'un enfant exprime sa colère, sa peur ou sa tristesse.
Par le psychodrame (tout comme par la Gestalt), nous aimons réhabiliter l'émotion, mais aussi l'imagination, "soeur jumelle de la raison, inspiratrice des découvertes et du progrès" (CHEVALIER Jean. Préface au Dictionnaire des Symboles. Laffont, Paris, 1969), et retrouver la joie de la créativité et de la spontanéité.
Les acteurs d'un psychodrame n'ont pas de texte et le scénario est fort succinct.
"Mon petit frère est le roi de la famille. Grand Papa l'appelle l'héritier. Tout le monde le voit, lui parle et l'admire. Personne ne me voit ni ne me parle..."
Et, petit à petit, se crée un décor imaginaire, les personnages s'y meuvent, s'y interpellent et expriment en gestes et en paroles leurs sentiments, leurs émotions. Comme dans la Comedia del Arte, ils prennent vie devant nous pour un temps, et, la représentation terminée, ils disparaissent pour redevenir des membres du groupe.
Dans son approche intégrative et holiste(1), le Cabinet de Psychothérapie Existentielle propose des activités intégrant le Psychodrame gestaltiste, accessibles à toute personne souhaitant progresser dans son évolution intérieure, harmoniser et transformer sa relation au monde, en quête de son être profond, le Soi.
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(1) L'holisme se définit globalement par la pensée qui tend à expliquer un phénomène comme étant un ensemble indivisible, la simple somme de ses parties ne suffisant pas à le définir. De ce fait, la pensée holiste se trouve en opposition à la pensée réductionniste qui tend à expliquer un phénomène en le divisant en parties.